Londres, Horned God à une heure où on ne sait plus bien quelle heure il est...
Toujours accoudé au comptoir et presque toujours alerte, Lam attendait son contact... et ça faisait même un moment. Ça faisait exactement quinze whisky et il commençait à avoir hâte qu'il se pointe. Il fallait absolument faire rentrer de l'argent et c'était le seul espoir immédiat.
Il baissa la tête en soupirant puis regarda son reflet dans son verre, forcément à moitié vide.. Son visage était usé au sens propre du terme. On aurait dit un boxeur à la retraite faisant de l'alcool son dernier combat.
Un jeune homme entra et rejoignit Lam au bar. Il était à peu près son négatif : jeune, gringalet, coquet et visiblement assez riche pour se permettre d'arriver avec plus de deux heures de retard sans s'excuser.
- J'ai un boulot pour toi.
- T'as surtout deux heures de retard... Maintenant c'est vrai qu'j'ai b'soin d'oseille donc j'vais t'laisser parler mais j'te prend pas en traître j'suis un peu chaffouin.
Lam ne lassa pas son interlocuteur protester.
- Et pis me dit pas qu'c'est pour un truc genre furtif et silencieux. J'ai d'jà essayé : ça passe pas.
Le dandy leva les yeux au ciel et s'accouda au comptoir.
- Oui. C'est clair que, quand après une mission de reconnaissance furtive en territoire ennemi, le sus nommé ennemi ramasse ses potes, au mieux amochés, au pire en morceaux... c'est vrai qu'on peut dire que ça ne passe pas.
- Écoute. Y'en a des tonnes de danseuses style ninja, voleur ou assassin qui t'aurait fait l'boulot. Moi j'fais dans l'spectaculaire... Après c'est vrai que quand on m'envoie en infiltration des fois ça brasse un peu mais c'est l'défaut d'mes qualités.
- Mouais... Et la libération d'un agent double, ça rentre dans les défauts ou les qualités?
- C'était un être humain, pas un traitre. Elle a pas eu l'choix.
lam se redressa et regarda le dandy dans les yeux. Il résista à l'envie de l'étaler et de lui faire bouffer le comptoir. Il déjà assez dans la merde pour ne pas chercher à se trouver des ennemis en plus du reste.
Il laissa le jeune homme au comptoir et se dirigea vers la sortie. Une serveuse la rattrapa.
- Vous n'avez pas réglé.
- Mon ami, là bas au comptoir, réglera ma note.
- Bien monsieur. Bonne journée.
