C'est une sensation extrèmement désagréable et que je ne connaissais pour ainsi dire pratiquement pas: le moment où l'on s'aperçoit qu'on vient d'être totalement manipulé de A à Z. Pour moi qui suis une adepte du contrôle permanent, le moral vient d'en prendre un coup.
Mais une chose est sûre: ils se sont payés la tête de la mauvaise fille !!
La colère, elle aussi je dois la maîtriser pour l'instant; c'est le moment de réfléchir et vite !
Je reprends mon souffle après une course folle de 20 min à travers les rues de la pointe de Manhattan.
Il fait déjà nuit noire, me voilà en terrain connu, bientôt à l'abri....enfin...ça c'est ce que je pensais.
J'ouvre une porte dérobée du Musée Amérindien Algonquin (1 Bowling Green) que je connais comme ma poche depuis mon enfance, mon père ayant été le conservateur pendant 18 ans.
Me voilà dans les sous-sols du Musée à quelque mètres de ma "tanière" quand j'entends tout à coup leurs pas se rapprocher dangereusement, ce sont bien ceux de mes poursuivants, ceux que je pensais avoir semé depuis déjà 15 minutes. Mais comment ont-ils fait pour me retrouver, pour connaître autant de choses sur ma vie alors que mon boulot, c'est la discrétion même.
Pour en revenir à mon boulot, c'est un peu par sa faute que je me retrouve dans cette situation. Mais bon en même temps ce sont les risques du métier, un métier dans lequel pourtant j'excelle à en croire par mon taux de réussite et l'importance de mes clients.
Vous me direz, pourquoi autant de secrets ?
Mais c'est bien simple, parce que les secrets je les vends ! Biensûr pas n'importe lesquels, je parle ici de secrets industriels, de photos, de documents compromettants qui peuvent servir les intérêts de certains entrepreneurs ou politiques, voir d'autres "organisations". Un commerce juteux dans cette bonne ville de New-York où toutes les grosses sociétés ont un pied à terre.
L'argent des contrats coule à flot quand tout se passe bien et quand les secrets (nom de code "Gary") sont correctement délivrés aux commanditaire ou devrais-je dire à celui qui allonge le plus de billets verts. D'où mon nom de code "Garyget" féminisé pour la commande: "Get Gary".
Mais à force de les vendre, il faut croire que je commence à en connaître un peu trop des secrets. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde apparemment, d'où ma situation actuelle.
Le contrat semblait simple, "Gary" devait être des plans d'une machine et une recette d'un gel cosmétique soit disant révolutionnaire. Tous les codes de sécurité m'avaient été fournis par mon commanditaire, un chef de labo pharmaceutique dont, chose particulière, je n'avais pas réussi à obtenir l'identité, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Mais comme je l'ai dit, ce devait être simple....
A la place de tomber sur "Gary" au point de coordonnées Alpha, voilà que je tombe sur une pièce où se déroule un étrange deal avec des hommes tous habillés d'une tenue bleu-marine et......moment de stupeur.... tous mes plus gros commanditaires réunis dans une seule et même pièce.
Le temps de réaliser se qui se passe, un des hommes en bleu-marine lève une main et presque instantanément, toutes les pesonnes connues sont exécutées d'une balle dans la nuque.
Assistant totalement désemparée au massacre, j'entends soudain à un interphone une fois que le dernier cadavre est tombé au sol: "Trouvez-la, elle est juste à côté !"
Mon sang n'a fait qu'un tour, je file à la dernière porte de sécurité où j'avais, professionalisme et expérience oblige, laissé une petite cale en cas de départ précipité, saute par une fenêtre sur un balcon métallique. Me voilà descendant à toute allure les escaliers de sécurité à l'arrière du bâtiment et continuant ma course sans fin dans les rues jusqu'au Musée.
Sous sol du Musée Amérindien Algonquin, 20 min plus tard:
Alors que les pas n'étaient plus qu'à une dizaine de mettres de ma position, ne bougeant pas par peur de compromettre l'entrée secrète de ma "tanière", j'entends un petit "Psssst ! et toi là!", mon regard se pose alors sur un gamin d'un dizaine d'années me faisant signe de le suivre.
Chose que je n'ai pas mis beaucoup de temps à faire. Le voilà qui s'engouffre dans un petit passage dont je ne connaissais pas l'existance et qui était camouflé sous un tas de vieux cartons remplis de sachets de soupe en poudre.
Après peut être 400 mètres de galeries encaissés sur les genoux à toute allure, l'enfant s'arrête, le silence se fait.
Un sourire se fait sur son visage d'ange et il me chuchotte: "Si t'as quelques pièces, j'te dis un secret."