Le Picte - Un soir à NYC

New York City - 00:32

Encore un contrat pourri. Aller faire sauter un entrepôt sur les docks, pas de soucis qu'ils disaient. Tu entres, tu fais ce que tu sais faire le mieux et tu ressors. Avec la nuit les vigiles verront que dalle. Nan mais franchement les gars vous croyez encore au père Noël ? La nuit, un quai désert au bord de la mer à NYC ? Franchement ça vous fait pas tiquer ?

Bah j'ai accepté quand même, on vit qu'une fois et leur fric j'en ai besoin. Parce que c'est pas la hiérarchie qui va se bouger pour moi. Blah blah blah mission, blah blah blah bureau des réquisitions, blah blah blah vous avez dépassé vos crédits alloués.

Quelle bande de rats ! Pour payer les costards et les téléconférences y'a du monde, mais pour aider les gars qui bossent sur le terrain, y'a plus personne. D'un autre coté ça me change pas, c'est comme à l'Agence tout ça. Du coup, on se débrouille. Un peu de trafic, quelques boulots en freelance et j'en passe. Seulement le truc c'est que maintenant on a l'oeil. Et les truc qu'on voyait pas avant vous sautent en pleine gueule, et c'est pas qu'une image !

Donc je suis là, à me les geler devant un entrepôt qui doit sauter, avec toute une bande de cultiste qui font une bringue à réveiller tous les diables. Et là encore c'est pas une image. J'ai jamais pu saquer les cols blancs de toute façon. J'peux pas me permettre d'aller Occuper Wall Street, alors là ce soir je vais aller Exploser Wall Street. Je vais leur faire passer le gout du délit d'initié moi ! Ah tiens elle est bonne celle là, faut que je la note. Délit d'initié. Si ça se trouve c'est pas un hasard.

bip ... bip ... bip bip ... bip bip ... bip bip bip ... bip bip bip ... biiiiiiiiiiiiip BOUM.

Assis sur les marches de la roulotte, enfin SA roulotte depuis quelques semaines déjà, Orichalk fumait tranquillement, sa guitare sur les genoux. Les yeux mi-clos derrière ses lunettes noires, il jouait quelques accords. Le bon vieux temps, les excès, l'insouciance, la vraie vie quoi...

Son regard se promenait sur la Cour, vaste imbroglio de toiles tendues, de gosses criards et de tas de débris. Il aperçut celui qui se faisait appeler le Picte. Le premier contact avait été bon, le gars lui plaisait: son franc parlé, ses manières sans faux semblant. Et puis son humour, il avait bien rit de quelques uns de ses bons mots.

Il allait falloir le tester lui aussi. Le gars était dangereux, pour sûr, il valait mieux l'avoir de son côté...

La première fois que j'ai aperçu Orichalk, j'me suis dis qu'il fallait creuser. D'ailleurs c'était dans le contrat.
Mais trouver un coin tranquille en plein NYC c'est pas évident. Les terrains vagues se font rares et le bon vieux truc du gratte ciel en construction, ça marche plus des masses avec les vigiles.

Donc j'me suis dit qu'j'allais attendre un peu avant de lui régler son compte. Il m'intriguait.
Au bout de quelques jours d'observation, j'ai trouvé un bon coin, une bonne opportunité, et pan : une dans la tête, une dans le coeur pour assurer le coup. Alors que je descendais du toit pour aller le traîner dans la tranchée toute prêtre à l'accueillir pour les siècles à venir, ce con s'est relevé.

J'aurai du me douter que le contrat n'allait pas être simple à remplir. Sinon on aurait pas fait appel à moi. Ce con était protégé par les abeilles lui aussi !

Un putain d'enfant du miel, comme moi. Du coup... le contrat il peuvent se le mettre où je pense.

J'ai donc décidé de l'approcher directement pour voir ce qu'il vaut. Je l'ai traqué jusqu'à un restau de Londres. Et j'ai attendu qu'il prenne contact.
D'ailleurs ça n'a pas tardé. On a discuté un moment avec lui et sa copine Florida. Un sacré brin de fille d'ailleurs celle là. Il m'ont emmené dans leur cour des miracles.

Un coin pourri certes, mais un abris. Parce que l'agence va pas tellement apprécier que j'ai laissé tomber le contrat. Du coup faut que je me cache. Et ils l'ont dit à la radio : les heures sombres sont là et la tempête approche.